Bouquet final

Coucou toi,

Ça y est, on y est la dernière lettre. Ça m’a pris 9 mois réussir à digérer ça pour de bon, un été complet sur la plage et bien du tourment et de la peine. Mais ce soir j’ai réalisé quelque chose tout juste en m’endormant alors que ma mémoire m’a joué un tour et a choisi de me rappeler tous les bons moments qu’on a passés ensemble.

Ça a commencé par le trajet que je devais faire pour me rendre jusqu’à chez toi puis les fois où je suis venu me geler à ta fenêtre avant que tu me fasses rentrer à travers la fenêtre pour qu’on puisse enfin se câliner jusqu’à ce que tu décides que tu doive aller te coucher. C’est comme ça aussi que je me suis rappelé la première fois où on s’est embrassés… C’était le 13 avril même si on voulait que ce soit le 15. Je me suis rappelé tout le temps que tu avais pris, à hésiter avant de parler de moi à ta mère, de toutes les fois où j’ai dû essayer de te convaincre de le faire pour que je puisse finalement venir passer la soirée avec toi à écouter Mamma Mia et à manger du Saint-Hubert… On va pas se mentir sur le coup j’ai pas trouvé que le film était particulièrement bon mais c’était quand même extraordinaire d’enfin pouvoir passer la soirée collé avec toi, en dessous de la couverte pour finalement partir à 1 h du matin avec ta mère qui te demandais quand est-ce que je partais? Des bons souvenirs des mois de printemps mais aussi des mois d’été qu’on a passé ensemble, à apprendre à se connaître, semi confinés jusqu’au mois d’octobre où Legault nous annonçait que pour les prochaines semaines on pourrait plus sortir… Tu sais le moment où mes parents m’ont imposé soit qu’on se voit plus où bien que on trouve une façon pour que l’un vienne habiter chez l’autre?

J’arrive toujours pas à me faire à l’idée que c’était peut-être ça le début de la fin. Et puis je repense à toutes ces soirée qu’on a passé à regarder od où tu m’as écouté chialer sur la façon de se comporter de Charles le leader… À partir de là, je t’ai senti glisser, tranquillement te désintéresser de la relation qu’on avait. Je ne dis pas que j’étais parfait, bien loin de là mais ça me faisait de la peine de voir prendre tes distances, de te sentir devenir peu à peu de plus en plus impersonnelle. De sentir que tranquillement tu t’éloignais de moi et que tu commençais à te recroqueviller sur toi-même. Je me suis rappelé aussi les dernières nuits où on a dormi ensemble ou je te serrais plus fort que jamais contre moi, où j’attendais un «je t’aime» avant que tu t’endormes mais qui n’est jamais arrivé. Je me rappelle encore ce que ça fait de savoir que du jour au lendemain tu pourrais décider que c’est terminé et que peu importe ce que je ferais je pourrais pas te convaincre du contraire. Je me souviens aussi au matin du 14 février, m’être demandé si j’allais chercher des fleurs ou pas sachant que dans les semaines qui allaient suivre tu allais décider de tout arrêter.

Voilà c’est comme ça que ça s’est terminé aujourd’hui on est toujours pas capable de se parler je sais pas pourquoi d’ailleurs peut-être un peu de rancœur, un peu d’amertume laissée par des mots que j’ai tenus en venant chercher des choses chez toi.

Donc voilà 9 mois plus tard, je tenais quand même à te dire merci. Merci de m’avoir fait passer à autre chose, merci de m’avoir fait grandir, merci de m’avoir faire découvrir dans un contexte que j’avais pas encore expérimenté.

Ça aura été un plaisir et si un jour tu veux reparler de ça autour d’un café bin je suis pas fermé à l’idée. Donc voilà. Merci pour tout Jordane.

En musique!

La fuite, option facile n’est-ce pas? Pourquoi rester et affronter nos instincts, se prémunir contre les imprévus et laisser tomber sa carapace, se rendre vulnérable quand on peut rester dans notre zone de confort? Peut-être parce que ça libère quelque chose de beau? Quelque chose d’imprévu, d’improvisé et de vrai? Quelque chose à laquelle la société nous a habitué à croire mais nous a démontré qu’il s’agit bien trop souvent d’un mirage?

Pourquoi s’accrocher à une idée sachant que je finirai probablement tourmenté? Pourquoi choisir de me faire porter par la créativité, me laisser emporter avec un brin de naïveté? Je ne sais pas, je ne sais plus: je suis perdu.

Alors que faire? Peut-être comme l’oiseau? Vivre d’air pur et d’eau fraiche? Mais qu’est-ce que ça mange en hiver ça, un esprit qui réfléchit? Ça serait p’t’être une question pertinente à se poser à l’approche de la froide saison? Moi qui voulais te prêter de façon un peu trop permanente mes hoodies, me voilà déçu, possiblement un peu amer. Mais bon, comme dit Renaud, c’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme.

Mais c’est au large des caps, que dis-je des caps? Des péninsules que l’on trouve le lien entre l’amertume et les sentiments, avec le Radeau de la Méduse qui nous rappelle perpétuellement que les copains passent d’abord. Mais je les envie quand même, ceux qui sont le sujet des chansons de Brassens, ceux qui vagabondent dans les parcs, sous les regards obliques des passants honnêtes. Ceux qui trouvent le moyen de s’échouer à deux sur les bancs publics. Je les envie, parfois, souvent, à tel point que j’aurais envie de traduire ABBA et l’adapter à ma situation. Pas besoin de traduire Gimme! Gimme! Gimme! pour que la référence soit claire. Je les envie, ceux qui l’ont facile, et ceux qui ont la chance de s’explorer sainement et d’explorer leur relation.

Il faut quand même donner à César ce qui revient à César, ce texte a beau être poétique, lyrique, avec quelques références musicales et théâtrales, au final je l’ai écrit un peu grâce à la personne assise à côté de moi. Certes l’exercice de mettre à plat mes pensées dans un court laps de temps est intéressant mais la poésie qui s’y retrouve est définitivement tinté par cette belle rencontre!

Et si au final c’était ça que je voulais moi aussi?

Rares sont les fois où j’écris de la poésie ciblée, dirigée et en réponse directe à une personne, mais en voici une tentative.

Des fois j'aimerais être comme ça
Tu sais, comme les gars que tu décris
Qui peuvent passer la soirée avec toi
Et te faire entendre leur voie endormie.

Oui, je reprends des morceaux de ta poésie
Je ne sais pas pourquoi, ça me tentait
Peut-être un peu par jalousie
Parce que j'aimerais avoir autant de succès.

J'aimerais être capable, de charmer une fille pour la soirée
D'être certain de me réveiller et de ne rien éprouver
Outre la satisfaction de la nuit passée
Et peut-être même lui avoir donné envie de recommencer.

Mais pour l'instant tout cela est si flou;
Parce que même si je voulais bien,
Te prendre par le visage pour t'embrasser
Et peut-être un peu te teaser
Pour l'instant ce sont ses mains
Qui sont posées autour de ton cou

Je ne sais pas
Si je saurai résister
À la tentation de rester
Mais je veux bien essayer

Et ce n'est pas une question de vouloir
Ou encore moins simplement de pouvoir
C'est un conflit de valeurs
Et peut-être un peu mon côté joueur

Il suffirait de l'assumer
Peut-être aussi de le vivre
Que tout n'est pas dans le fait de charmer
Mais peut-être un peu dans les rencontres furtives

- À la belle conne